Culpabilisation et infantilisation

Ce que je retiens de la naissance de mon Zébulon, ou plus à propos, de cet accouchement partiellement vécu en maternité, c'est qu'en 12 ans, (Depuis la naissance de FilleAinée dans une grosse usine à bébé du 78) il n'y a pas grand chose qui a changé, et cela me désole. Non pas pour moi... on va dire que je pense être relativement bien informée et suffisamment chiante pour me faire entendre quand cela est nécessaire à mon sens, mais pour les toutes jeunes femmes, dont souvent c'est le premier bébé qui passent encore par les cases infantilisation et culpabilisation. Des méthodes qui sont encore trop souvent employées dans une grande majorité des maternités ou par certains gynécologues pratiquant "en ville".

Dernièrement, une de mes amies, enceinte de 3 mois me disait qu'elle allait devoir faire son test O'Sullivan. Elle semblait assez embêtée de devoir le faire car on lui avait dit que c'était vraiment imbuvable et que nombre de femmes enceintes avaient fait un malaise suite à ce test... J'étais déjà étonnée qu'elle me dise cela, à moi, alors qu'elle connaît, me semble t il , ma position sur le sujet... Bref, je lui dis simplement que ce n'est pas un test obligatoire mais que, si elle doit faire un test de glycémie, il existe d'autres pratiques moins agressives pour son organisme et celui du bébé comme le test post-prandial. Ce à quoi elle me répond : " Ho mais tu sais, moi, je me réfère à ce que dit mon médecin hein, il sais sûrement mieux (sous entendu : que toi...), il a fait des études pour cela, et puis il m'a dit que ce test est obligatoire et que si je ne le fais pas, je met en danger mon bébé !"...

Ha bon... soit... je n'ai rien d'autre à ajouter alors... :-(

Amalgame, mensonge et culpabilisation ... Et cela fonctionne ! C'est triste. Pourtant, cette amie n'en ai pas à son premier bébé et nous avons bien souvent discuté naissance, accouchement, bébé... durant ma dernière grossesse...Elle est loin d'être bête, elle a fait des études, elle a un bon niveau sociale... mais elle se laisse encore avoir par ce type de réflexion de la part d'un médecin.

Qui blâmer ? Le médecin qui culpabilise ou la patiente qui se laisse culpabiliser ?

D'autres exemples ?

....

Durant l'accouchement, à la maternité, après la pose de la perfusion d'ocytocine, mon col n'avait pas encore bougé après 1h...la SF m'a dit : si ca ne bouge pas dans l'heure qui vient, on risque de vous faire une césarienne. Bing !! De but en blanc, elle nous balance cette donnée et s'en va. A nous d'en faire ce qu'on veut et de flipper ! (?)  Faire peur aux patientes déjà bien malmenées depuis plusieurs heures (dans mon cas depuis déjà 2 jours !) fait il parti du cursus d'apprentissage des SF hospitalières ?

Le pire, je crois, c'est la remise en cause de la parole de la patiente et cela, dés le premier retard de régle. Qui n'a pas entendu au moins une de ces questions/remarques ? :

Vous êtes certaine que vos dernières règles datent de tel jour ? (cela fonctionne aussi avec "êtes vous certaine d'avoir ovulé tel jour ?")

Vous êtes certaine que le café (le thé, les crevettes, le chocolat...) vous donne des nausées ?

Comment savez vous que votre col est ouvert ?

Vous faites de gros bébés ? Mais non ce n'est pas héréditaire... même si vos 3 aînés dépassaient les "normes", que votre mère, vos tantes, votre grand mère et sa soeur ont toutes fait des bébés de plus de 4 kg...

Mais si Madame, on doit vous faire une révision utérine, il doit rester des morceaux de placenta dans votre utérus (Mais enfin, puisque je vous dis que la SF a vérifié le placenta et qu'il était complet !)

Le bouquet pour moi, ce fut quand même de devoir "prouver" que je n'étais plus sous péridurale afin qu'il ne ma fassent pas une RU à vif, sans anesthésie...!!!

Et des exemples de ce genre, il en existe à la pelle ... malheureusement...mais cela ne s'arrête pas après la naissance du bébé. Là, on va même pouvoir ajouter les questions et les doutes de la famille, des amis, des "bons" conseilleurs à qui bien souvent, on n'a rien demandé d'ailleurs :

Est ce qu'il fait ses nuits ? Moi de mon temps... Moi mon bébé...

Est ce que tu as assez de lait ? Comment tu le sais ? Il a l'air d'avoir faim cet enfant...,

Est ce que ton lait est assez riche ?...

Est ce que tu ne le portes pas trop ?

...

Comment une jeune maman en pleine descente d'hormones peut elle se sentir bien ? Comment peut elle est rassurée sur ses choix, sur sa façon de faire avec son bébé si tout l'entourage est là à remettre tout en question régulièrement ? A l'infantiliser ...? A la culpabiliser ... ?

Je crois que lorsque l'on a un bébé, la seule chose dont on a vraiment besoin, c'est de soutien et d'aide empathique. L'écoute et la compassion sont les meilleurs choses que l'on peut offrir à une future/jeune maman. Lui fournir de l'information, des textes scientifiques cela peut l'aider, c'est sur,  mais si vraiment elle en fait la demande.

Notre propore expérience ?...là encore, seulement si la maman le souhaite et que l'on pense sincèrement que cela peut l'aider et la faire avancer dans ses propres réflexions... sinon, se taire, être juste là. C'est bien souvent suffisant...

Un pensée toute particulière à ma meilleure amie qui, le lendemain de la naissance de mon Zébulon n'a pas hésité à faire 4h de route aller et 3h de route retour ...juste pour être là....

Comments

[Nath]

Je suis vraiment ravie que tu ai pu être écoutée et entourée. C'est rare et précieux. Tout dépend de la maternité et de son orientation, mais aussi de l'équipe présente, au sein d'un même service on peut rencontrer des personnes très différemment à l'écoute.. ou pas.

En tout état de cause, je te souhaite beaucoup de bonheur avec ton p'tit bout.

[magalie]

je viens juste de rentrer de la maternité avc mon petit trésor, et je me rends compte à la lecture de ton article que soit j'ai eu beaucoup de chance, soit tu en as manqué...

mon accouchement et tout ce qu'il y a eu autour avant et après a été plutot compliqué.

mais mon séjour à la maternité a été simplifié et amélioré grandement justement grace a l'accompagnement, la bienveillance, la réelle sollicitude de tout le personnel, a une ou deux exceptions près! j'ai vraiment eu le sentiment d'être écoutée, entourée, protégée même. il y a toujours eu quelqu'un pour être là quelle que soit la difficulté rencontrée.

je n'ai effectivement pas bnéficié de l'accouchement que j'espérais mais j'ai fait une confiance totale à l'équipe médicale qui m'a tout le long toujours expliqué le pourquoi du comment, et qui a toujours cherché à être le plus clair possible.

au final les soignants rencontrés pour moi ou pour le bébé ont vraiment été comme des "petites fées" que je ne suis pas prête d'oublier...

en cas d'autre grossesse, je sais par qui etre accompagnée, sans hésitation et en toute confiance!